Les Pétrels à La Réunion

Publié le par Frédéric L.

Les Pétrels à La Réunion
Deux espèces de pétrels viennent nicher sur l'île de La Réunion, le Pétrel Noir de Bourbon et le Pétrel de Barau.
Ces oiseaux parcourent des dizaines de milliers de kilomètres en mer, se nourrissent de poissons, de sèches et calamars, ils se reposent et dorment sur l'eau, et chaque année ils reviennent installer leurs nids sur les plus hauts sommets de l'île. C'est vers le mois de Septembre que commence la période de reproduction, les couples se forment pour la vie, la femelle ne pond généralement qu'un œuf. Avec leurs pattes palmés équipées de griffes ils creusent des terriers. Après l'éclosion les poussins sont élevés pendant plus de 3 mois, le couple parental alterne les phases de pêche en mer et les phases de nourrissage des juvéniles. C'est vers le mois d'Avril que les jeunes pétrels prennent leur premier envol, direction l'océan, de nuit, avec pour repère le reflet de la lune sur l'océan. Mais trompés par les éclairages des villes et des villages, nombreux sont ceux qui s'échouent au sol. Privés de leur promontoire, ils ne peuvent redécoller et périssent de déshydratation, de prédation, ou écrasés sous les roues des voitures.
 
Le Pétrel de Barau
Patrick Pinet, docteur en biologie marine, a mené des recherches pendant 4 ans sur le Pétrel de Barau. Considérés comme des sentinelles de l'environnement et des bio-indicateurs des ressources en mer, ces oiseaux ont un rôle essentiel, mais ils sont menacés d'extinction. Paradoxalement, peu d’informations sont disponibles sur leurs paramètres biologiques et écologiques. Ces données sont essentielles pour prendre des mesures de protection adaptées, assure le scientifique. L'objectif de la thèse de Patrick Pinet ("Biologie, écologie et conservation dʼun oiseau marin endémique de la Réunion : le Pétrel de Barau") publiée en janvier 2012, était d'étudier les interactions entre cette espèce et son environnement, de quantifier les menaces qui pèsent sur elle et d'orienter les actions de conservation à venir. Le scientifique s'est également appuyé sur les données recueillies depuis plus de 10 ans par la Société d’Études Ornithologiques de la Réunion (SEOR) et le laboratoire ECOMAR, sous la direction de Matthieu Le Corre. Les travaux ont mis en évidence des capacités de déplacement extraordinaires et caractérisé les zones océaniques exploitées durant tout leur cycle annuel explique Patrick Pinet. Lors de sa phase de migration, le Pétrel parcourt ainsi en moyenne 27 000 km à travers l'océan Indien.

Décrit pour la première fois en 1963, par Armand Barau, le Pétrel de Barau a jusqu'alors été très peu étudié en raison de la difficulté d’accès aux sites de nidification. Une hypothèse a été formulée par les scientifiques pour expliquer l’intérêt pour le Pétrel de nicher en altitude : l'"ancêtre" du Pétrel de Barau serait un Pétrel venu de l’Antarctique, davantage adapté à des températures froides. Les sommets de la Réunion étaient donc un milieu favorable à l'établissement de l'espèce. Les Pétrels se reproduisant sur le site où ils sont nés, l'évolution a fait le reste : une espèce endémique issue d'un cousin venu du froid est apparue à la Réunion. (Une espèce dite endémique est issue d'une espèce indigène, arrivée naturellement sur l'île, mais qui a muté génétiquement pour devenir une nouvelle espèce).
Observer les Pétrels de Barau en bord de mer
Entre septembre et mars, vous pouvez observer, en fin de journée, les Pétrels qui se rapprochent des côtes et volent au ras des vagues. Après une journée de pêche en pleine mer, ils rejoignent leur terrier sur les sommets de l'île pour nourrir leurs petits. Ils attendent la tombée de la nuit et utilisent les courants ascendants pour remonter dans les ravines de l'île. Les abords des embouchures de rivières (ex : Rivière Saint-Etienne, Rivière des Galets...) sont des sites privilégiés d'observation.
Pour reconnaître le Pétrel de Barau, il suffit de regarder le dessous des ailes déployées qui laissent apparaître une bande noire du coude au poignet. Pour éviter toute confusion avec le Puffin de Baillon (indigène de l'île), on retiendra que les parties supérieures du Puffin sont entièrement noir foncé et son bec fin.
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Le Pétrel Noir De Bourbon
Le Pétrel Noir (Pseudobulweria aterrima), localement appelé Fouquet Noir ou Timize, compte parmi les oiseaux marins les plus rares au monde. Le pétrel noir demeure l'un des oiseaux les plus mystérieux de l'île. Depuis 2008, un programme de recherche, basé sur des campagnes d'écoutes nocturnes a ainsi été élaboré. Inscrit sur la liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme espèce en danger critique d'extinction, il pourrait disparaître dans les 10 années à venir. Un Plan national d’actions en faveur du pétrel noir de Bourbon a ainsi été lancé fin 2012 pour une durée de 5 ans. Différentes actions sont ou seront mises en œuvre pour empêcher l’extinction de cet oiseau marin dont on estime aujourd’hui la population à moins d'une cinquantaine de couples.
 
Plus petit que le Pétrel de Barau, son plumage est entièrement noir, avec le dessous des ailes légèrement argenté. Le bec, au bout crochu, est également noir. Il est d'abord connu par son cri dont trois formes différentes sont connues et décrites :
  • la première ressemblant à des hennissements de cheval qui durent de 4 à 5 secondes, espacés de 13 à 15 secondes,
  • la seconde constituée d'une série de sifflements qui durent également de 4 à 5 secondes, espacés de 13 à 15 secondes,
  • enfin celle évoquant des pleurs d’enfant.
Ces cris, qui sont poussés dans la nuit noire, peuvent surprendre et effrayer. Ils ont entretenu, au village de Grand-Bassin, la légende de la Timise qui frôle les passants en ricanant dans l'obscurité, éteint leurs lumières et emporte les enfants qu'on entend ensuite gémir.
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